Déjà un an que la Pierre du Midi a décroché son Indication Géographique : un trésor du Sud bien protégé
Le Pont du Gard, les Arènes de Nîmes, le Théâtre antique d’Orange, les Arènes d’Arles… Derrière ces noms qui évoquent l’histoire, les vacances et le soleil, il y a un minéral : la Pierre du Midi. Le 3 juillet 2024, elle a officiellement reçu son Indication Géographique (IG), décernée par l’Institut National de la Propriété Industrielle (INPI). Un label qui met en lumière ce matériau unique, façonné par la géologie et par l’homme, qui raconte à lui seul deux mille ans d’histoire.

Un label pour une légende de la construction
Extraite et taillée dès l’époque romaine, la Pierre du Midi a servi à construire certains des plus beaux chefs-d’œuvre du Sud de la France. « Toutes les églises et cathédrales du Sud sont en Pierre du Midi », précise Paul Mariotta, président de l’Association Pierre du Midi et dirigeant des Carrières de Provence.
Et son rayonnement ne s’est pas arrêté aux frontières régionales : au XIXe siècle, on en retrouve jusque dans les rénovations de Genève, Alger… et même New-York !
« Aujourd’hui, elle reste un matériau de choix pour la construction en pierre massive. Elle est par exemple prisée pour des chantiers d’ampleur dans de grandes villes françaises comme Paris, Lyon, Bordeaux ou encore Versailles… » ajoute Paul Mariotta.
A l’été 2024, c’est donc l’excellence qui a été récompensée. En s’inscrivant dans le cadre strict d’une Indication Géographique, la Pierre du Midi bénéficie désormais d’un label qui garantit son authenticité et sa provenance, protège ses producteurs locaux de la concurrence déloyale et valorise les savoir-faire ancestraux liés à son exploitation. « Nous espérons que l’IG consolidera notre filière et permettra de valoriser nos produits locaux qui ont contribué à l’image de notre territoire » se réjouit Paul Mariotta.
L’Indication Géographique à la loupe
Comme la Porcelaine de Limoges, le Savon de Marseille ou le béret basque, la Pierre du Midi bénéficie désormais de cette reconnaissance officielle. Une reconnaissance de l’État d’un matériau local emblématique des régions Occitanie et Provence-Alpes-Côte d’Azur. Une Indication Géographique (IG) distingue en effet un produit originaire d’une zone géographique déterminée, qui possède des qualités, une notoriété ou des caractéristiques liées à ce lieu d’origine. « L’IG, c’est un outil qui valorise une origine géographique et des savoir-faire, mais aussi une garantie contre la contrefaçon », explique Vincent Raynaud, secrétaire général du Syndicat national des roches ornementales et de construction (SNROC).
En clair : ce label protège les producteurs, rassure les architectes et maîtres d’ouvrage, et assure au grand public que la pierre vient bien de son territoire d’origine.
En France, sur 23 Indications Géographiques existantes, 10 IG concernent des pierres naturelles et deux autres ont déjà entamé la démarche auprès de l’INPI.
Une famille de pierres, mille visages
Quelles sont donc ces qualités et caractéristiques désormais reconnues à la Pierre du Midi ? Derrière le nom “Pierre du Midi”, il faut savoir qu’n’y a pas une mais plusieurs variétés, issues de carrières d’Occitanie et de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Leur point commun ? Une origine géologique partagée, avec chacune sa personnalité :
· La pierre du Pont du Gard, tendre mais robuste, qui a porté un aqueduc romain de 50 km et résiste encore aux siècles.
· La pierre des Estaillades, presque blanche, qui se prête aux sculptures et capte la lumière comme aucune autre.
· La pierre de Crillon, solide et résistante au gel, idéale pour les dallages extérieurs.
· La pierre de Rognes ou de Fontvieille, aux teintes chaudes, parfaites pour les façades et les aménagements paysagers.
· La pierre de Beaulieu, claire et dense, très appréciée pour les escaliers ou dallages intérieurs.
« Le Pont du Gard est une preuve vivante de la qualité exceptionnelle de cette pierre », insiste Vincent Raynaud. « Ses nuances font de la Pierre du Midi une ressource précieuse pour la restauration du patrimoine comme pour l’architecture contemporaine. »
L’Indication Géographique : une aventure collective
L’obtention de cette IG est le fruit de plusieurs années de travail. Depuis 1997, l’Association Pierre du Midi réunit une quinzaine d’entreprises locales pour structurer et promouvoir la filière. L’association a mobilisé un large éventail d’acteurs, allant des carriers aux experts en patrimoine, pour répondre aux exigences de l’INPI. « Créée pour la promotion de la pierre et de ses métiers, elle nous a permis de nous structurer et cela nous a été particulièrement utile pour vivre cette aventure collective » raconte Paul Mariotta, président de l’association.
« Il s’agit d’une ressource exceptionnelle qu’il fallait protéger tout comme les entreprises qui gravitent autour. Il fallait s’assurer que toutes ces entreprises pourraient encore travailler demain », souligne Audrey Aubard, consultante spécialisée et secrétaire générale de la FFIGIA (la Fédération française des Indications géographiques industrielles et artisanales), qui a accompagné le projet. Un cahier des charges exigeant a donc été rédigé : composition géologique, caractéristiques techniques, zone géographique, résistance… rien n’a été laissé au hasard. « Ce type de projet demande une persévérance incroyable. Les entreprises locales ont investi du temps et des ressources pour garantir la protection de ce patrimoine unique » souligne Vincent Raynaud.
« Désormais, chaque entreprise devra passer par une certification avec audits réguliers pour pouvoir utiliser le label » ajoute Audrey Aubard. L’association Pierre du Midi devient quant à elle l’Organisme de Défense et de Gestion de l’Indication Géographique.
Un avenir prometteur pour la Pierre du Midi
Si la filière représente déjà près de 300 emplois et 15 à 18 millions d’euros de chiffre d’affaires, l’IG ouvre de nouvelles perspectives intéressantes :
· des garanties pour les chantiers de restauration prestigieux ;
· des débouchés touristiques (visites de carrières, parcours autour des monuments) ;
· une meilleure visibilité auprès des architectes et prescripteurs ;
· et bientôt, une reconnaissance européenne des IG, qui offrira une protection au-delà de nos frontières.
« L’IG, c’est une porte ouverte vers de nouveaux marchés. Elle offre des garanties qui rassurent les architectes et aménageurs publics tout en valorisant nos matériaux locaux », explique Vincent Raynaud.
L’inscription de la Pierre du Midi en IG est une victoire pour la filière et un hommage à un matériau qui a traversé les siècles. À votre tour, visitez les monuments emblématiques que sont le Pont du Gard ou les Arènes de Nîmes et partagez vos découvertes avec @lavieenpierre. Ensemble, restons tournés vers l’avenir tout en continuant à préserver et à valoriser cet héritage exceptionnel !