A Léry-Poses (27), une transformation exemplaire d’une carrière au service du territoire… et des JO 2024
Imaginez un endroit où vous pouvez vous baigner, pagayer, observer des oiseaux rares ou tout simplement vous détendre au bord de l’eau… à seulement 1h30 de Paris. Ce petit coin de paradis existe : bienvenue à Léry-Poses, dans l’Eure. Ce site, prisé par les familles et les amoureux de nature, cache pourtant une histoire bien moins connue : celle d’une ancienne carrière de granulats, reconvertie en base de loisirs et en espace de biodiversité. Une transformation menée main dans la main par l’entreprise CEMEX et les acteurs du territoire, qui montre qu’exploitation minérale et aménagement durable peuvent faire bon ménage. Grâce à Sabine Binninger, Directrice Adjointe au Développement Environnement et Foncier chez CEMEX et Patrick Madroux, Président Délégué de la base de loisirs, parcourez 50 ans de transformation d’une carrière !

Léry-Poses : l’endroit idéal pour faire une pause
Situé à 30 minutes de Rouen et 1h30 de Paris, le domaine de Léry-Poses (Eure) s’étend aujourd’hui sur 1 300 hectares, dont la moitié en eau ! Le site accueille chaque année près d’un million de visiteurs. Et pour cause : il propose une offre variée d’activités nautiques, sportives et de plein air comme le canoë, la pêche, le téléski, le golf, l’escalade et des plages aménagées. Sur le site, trois grands lacs structurent l’espace, avec chacun un rôle bien défini. L’un est réservé aux familles, un autre, véritable stade nautique, accueille les clubs et compétitions, et un troisième, une zone ornithologique classée Natura 2000 qui constitue un refuge pour la biodiversité.
Avec ses 2 100 mètres de long par 105 mètres de large, le stade nautique, homologué pour les compétitions internationales, est la pièce maîtresse de la base de loisirs de Léry-Poses. Tant et si bien qu’en 2024, dans les mois précédant les Jeux, des délégations internationales, notamment celles de la Chine, du Brésil ou du Canada sont rapidement séduites par son cadre verdoyant, son calme, sa proximité avec Paris et ses installations adaptées aux standards sportifs les plus exigeants. Ils font alors de Léry‑Poses leur camp de base. « Ils sont revenus en mai 2025 pour s’entraîner pour d’autres compétitions », se félicite Patrick Madroux, Président délégué de la base de loisirs.
Mais avant de devenir ce havre de paix et d’accueil de sportifs du monde entier, le site de Léry-Poses a participé à bien d’autres grands projets, fondateurs pour le territoire.
Un passé industriel
« Avant la guerre, c’était des champs et puis en 1948 plusieurs exploitants ont vu le potentiel des sols. C’est ensuite le carrier Morillon Corvol, aujourd’hui devenu CEMEX, qui s’est occupé de l’extraction dans les années 70 », raconte Patrick Madroux.
Carrière de sable et de gravier, le site de Léry-Poses a en effet approvisionné des chantiers locaux et d’importants projets en région parisienne par voie fluviale sur l’Axe Seine. C’est donc toute une économie et des métiers, allant du carrier au marin, qui se sont mis en place autour de la carrière. CEMEX y a notamment établi sa propre flotte fluviale pour acheminer une grande partie des 45 millions de tonnes de granulats issus des 780 hectares exploités.
« Les chantiers locaux étaient livrés avec des camions mais pour les chantiers plus grands, comme ceux de la région parisienne, nous utilisions des ports avec des embranchements fluviaux. Cela a permis de réduire considérablement l’impact environnemental. Les bateaux partaient chargés de granulats et revenaient avec les remblais pour réaménager le site », commente Sabine Binninger, Directrice adjointe Environnement et Foncier chez CEMEX.
De la carrière au parc de loisirs : une évolution anticipée
« Il faut savoir que dès qu’un projet de carrière est envisagé, il fait l’objet d’un dossier déposé en préfecture, qui inclut un plan de réaménagement validé par l’Administration. Ce plan est co-construit avec les élus, les propriétaires fonciers, les associations locales et les acteurs du territoire », précise Sabine Binninger.
La base de loisir faisait donc partie intégrante du projet, dès le lancement de l’exploitation de la carrière. L’approche collaborative a permis de penser le site dans sa globalité. Ainsi, grâce à une organisation rigoureuse et réfléchie, chaque zone a d’abord été exploitée puis remise en état et réaménagée avant d’entamer la suivante. Cette méthode évite de geler des hectares pendant des décennies et facilite la réappropriation des terrains par les collectivités et les riverains. « Ça fait partie de mon travail de m’assurer qu’à chaque phase d’extraction, celle de réaménagement soit engagée. » précise Sabine Binninger.
Dès lors,1972 marque l’ouverture officielle de la base de loisirs. S’en suivront l’aménagement des plages et des premiers équipements touristiques entre 1985 et 1994. En 2018, les équipements nautiques sont modernisés. En 2022 démarrent les travaux d’aménagement du bassin d’entrainement, inauguré en 2024 et plébiscité pour les Jeux, organisés en France la même année.
« Cette transformation est une fierté pour la région et un bel exemple de ce que peut apporter un projet bien pensé », souligne Sabine Binninger. Une vision d’ensemble anticipée qui a évidemment évolué avec le temps. « Ce projet a nécessité une très grosse concertation avec les différents acteurs : services de l’État, élus, associations, et propriétaires. Il y a parfois eu des ajustements, nécessaires, car ce qui est dessiné sur papier 15 ou 20 ans avant ne correspond pas toujours aux besoins actuels. »
Patrick Madroux : le sportif visionnaire
C’est en partie grâce à la ténacité et à la vision de Patrick Madroux que le bassin sportif de Léry-Poses est devenu une réalité. Arrivé à l’aviron un peu par hasard dans sa jeunesse pour renforcer son jeu au rugby, il s’est entièrement investi dans le projet de la carrière avec deux amis, eux aussi passionnés. « J’allais à toutes les réunions, je discutais avec le préfet, le ministère et puis CEMEX bien sûr. Je suis aussi allé voir les pratiques en Angleterre, en Belgique, aux Pays-Bas, pour voir celles qui fonctionnaient et celles qui ne fonctionnaient pas. Nous avons beaucoup discuté pour que tout soit conforme aux normes et pour valider l’homologation. »
Ainsi, d’une ligne droite de 1 200 mètres prévue dans le projet initial, le bassin passe à 2 100 mètres pour obtenir une envergure internationale. Il a fallu pour cela, remblayer et stabiliser les digues, tout en se conformant aux normes de la fédération internationale d’aviron. Travaux rendus possibles grâce au passé industriel du site. Le bassin bénéficie également d’un accès direct vers la Seine, permettent d’effectuer à la fois des sorties longues et des sorties courtes.
« C’est une fierté de voir ce qu’est devenu le site aujourd’hui, dont le bassin qui a trouvé sa place après tout ce travail » poursuit Patrick Madroux. Et de poursuivre avec une autre fierté : « à 80 ans, j’étais le premier sur le bassin à son inauguration, juste avant le début des Jeux Olympiques ! »
Léry-Poses : un modèle de gestion responsable et d’héritage territorial
Au-delà d’être un lieu idéal de loisirs, de sport, de bien-être et de biodiversité, nichée dans la vallée de la Seine, Léry-Poses est un exemple concret de ce que les entreprises de la filière minérale peuvent apporter au développement des territoires. « Ce projet montre comment une carrière peut non seulement répondre aux besoins en ressources, mais aussi devenir un levier pour le développement local, au-delà de l’exploitation », souligne Sabine Benninger.
« La stratégie d’aménagement progressif a, quant à elle, permis de maintenir l’activité économique pendant l’exploitation, mais aussi de garantir un avenir au site, pensé avec et pour les habitants. Une carrière, ce n’est pas juste un lieu d’extraction temporaire. C’est un projet d’aménagement du territoire à part entière », rappelle Sabine Binninger. « Le défi, c’est de penser la suite, de se projeter dès le départ, d’intégrer les attentes sociétales, environnementales et économiques. C’est ce que nous avons fait ici, avec une écoute constante des acteurs locaux. »
À l’heure où les ressources et les usages ont besoin d’être pensés avec justesse, l’histoire de la base de loisirs de Léry-Poses invite à continuer de porter un regard curieux sur les matériaux minéraux et les métiers associés. La carrière d’extraction s’est peu à peu transformée en lieu de vie, de nature et de lien social. Ce projet longuement mûri montre qu’avec de la vision, de la concertation et un engagement territorial, il est possible de faire émerger des sites qui profitent à tous.
Vous avez justement déjà eu l’occasion de profiter du domaine de Léry-Poses ? Partagez vos photos avec @lavieenpierre sur les réseaux sociaux, et venez (re)découvrir ce lieu où la pierre a permis d’imaginer le futur.