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La décentralisation : meilleure voie pour le succès des capillaires frêt

11 août 2016 - Transports

Alors que la survie des capillaires, ces voies ferrées secondaires, demeure fragilisée par une pénurie de financements, Jacques Chauvineau, président de l’association Objectif OFP, dresse un constat éclairé sur le paysage ferroviaire français et propose une solution innovante pour remettre sur les rails ce mode de transport précieux pour les acteurs des territoires.

 

Quel regard portez-vous sur le transport ferroviaire en France ?


Jacques Chauvineau : Le fer souffre de plusieurs maux, à commencer par un excès de centralisation, que ce soit dans la gestion des infrastructures ou dans les modalités d’exploitation des dessertes terminales. L’éloignement du terrain et des besoins des utilisateurs couplé à une priorité stratégique de fait donnée au transport de voyageurs ont lourdement pénalisé au fil des années le développement du fret, et provoqué le délitement des capillaires.

Je reste convaincu que le transport ferroviaire demeure performant et écologique tant pour le transport de personnes que pour le transport de fret à la condition pour ce denier de renforcer sa capacité à massifier les flux de marchandises. Deux atouts particulièrement appréciables, dans une société tournée vers les échanges et qui aspire à un avenir durable et peu carboné. Le succès politique de la COP 21 tenue à Paris fait obligation à la France de relever le défi ferroviaire.

 

Quelle est la mission d’ »OBJECTIF OFP » ?

J.C. : Nous pensons que la performance du réseau ferroviaire dépend étroitement de la richesse de sa présence et de ses ramifications territoriales, de sa capacité à les dynamiser. Objectif OFP a pour ambition de contribuer à cette redynamisation du fret ferroviaire en France et d’agir pour la pérennisation des lignes capillaires. Nous avons contribué à créer 13 opérateurs ferroviaires de proximité (OFP), des PME ferroviaires qui rapprochent des chargeurs, des transporteurs (rail et route), ouvertes à d’autres parties prenantes comme les collectivités.

Ces entités de proximité, agiles et très impliquées, démontrent, par le succès de leurs actions, que la décentralisation est une voie à emprunter pour développer le fret ferroviaire et pour aller vers une gestion plus performante des capillaires.

Il ne faut pas oublier que 20 % du trafic fret national s’amorce sur ces lignes. Je rappelle que le premier OFP a été créé en 2010 pour sauver un capillaire dans le Morvan desservant des carrières de ballast ferroviaire.

Cette activité menacée a pu poursuivre son développement avec un réel bénéfice pour les entreprises locales, les emplois, l’environnement et la qualité de vie locale. À long terme, les territoires connectés au ferroviaire auront un avantage d’attractivité économique.

 

Quels sont les freins à lever pour maintenir et développer les capillaires ?

J.C. : La culture centralisatrice du ferroviaire français est le frein majeur. Il faut libérer l’initiative ferroviaire locale, faire en sorte que les acteurs d’un territoire s’approprient et valorisent leur potentiel ferroviaire. Comme en Allemagne, où le trafic fret n’a pas chuté comme en France. La décentralisation et la diversité des opérateurs de transports locaux, qui peuvent s’adapter au plus près des attentes du marché, en sont l’une des raisons.
En outre, la concurrence et le développement conjoint du transport de voyageurs et de marchandises sont des leviers puissants pour densifier l’utilisation des réseaux, indispensable à sa pérennité et à celle des capillaires. Notez également que la simplification d’un siècle de réglementations ferroviaires ne serait pas un luxe.
L’implication des acteurs locaux et des collectivités a un rôle important à jouer, source d’emplois, d’attractivité économique, de préservation de l’environnement et de qualité de vie.

 

En quoi les OFP peuvent aider à relancer le fret ferroviaire ?

J.C. : Les OFP agissent sur un territoire qu’ils connaissent parfaitement, avec pour objectifs d’optimiser le remplissage des trains et de densifier l’utilisation du réseau pour que chaque acteur y trouve son compte : des services et des prix compétitifs pour les chargeurs et un volume d’affaires important pour les exploitants leur permettant d’assurer l’entretien des lignes.
Les OFP ont un profil de PME, agile et autonome, et intègrent des fonctions commerciales et logistiques : c’est une structure idéale pour trouver des solutions innovantes et développer le potentiel d’un territoire.

 

À retenir

  • Le fret ferroviaire est un atout patrimonial des territoires que les élus devraient développer.
  • L’avenir du fer n’est pas dans la fermeture des capillaires mais dans la densification du réseau, avec le transport des voyageurs et des marchandises.

 

 


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